En 2014, Rouge choisit un nom qu’elle veut proche de sa pratique : commun, appropriable, multiple. Ni vandale, ni graffitiste, c’est par impulsion contextuelle qu’elle en vient à la peau des villes, chercher un public, supprimer la latence entre l’instant de l’atelier et l’instant d’exposition.
Citadine ontologique et convaincue, elle cherche le vert trottoir, la fable, la muthologie latente dans l’identité d’une rue, d’un quartier. Attachée au dessin et à la peinture, c’est pourtant avec un travail d’interventions, de vidéos et de performances qu’elle est diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux en 2014, avec pour recherches principales : le lieu appropriable, la marche, et la précarité urbaine.
Engagée dans le tissu du monde, Rouge travaille essentiellement par collage, fresque, installations ou performances dans l’espace public. Places, lieux destinés à des reconfigurations urbaines imminentes, contes de quartier sont les théâtres de ses interventions, parfois furtives, parfois plus spectaculaires.
Qu’il s’agisse de sculture éphémère, de parcours bricolé, de mobilier urbain alternatif, de collage figuratif ou de protocole de dérives et d’interventions, le but est toujours un peu le même : déplacer le regard par le biais de petites fables, souvent imprégnées de violences délicates et de littérature un brin obsolète, ouvrir un interstice dans un espace quadrillé, plaider l’option de la poésie, fabriquer des oasis d’un instant dans le désert.
Privilégiant les ateliers, expositions et interventions collectives, Rouge développe aujourd’hui un travail déterminé par ses conditions d’apparition dans un espace social, architectural et culturel donné en tentant d’en expliciter les limites, parallèlement à des recherches picturales sur toile.